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Programme National de gestion et d’élimination sécurisée des PCB au Maroc

Gestion et Elimination des déchets dangereux

En ratifiant la Convention de Stockholm sur les Polluants Organiques Persistants (POPs), en avril 2004, le Maroc s’est engagé à mettre en œuvre les dispositions nécessaires pour honorer ces engagements au titre de cette Convention.

La gestion et l’élimination écologiquement rationnelle des Polychlorobiphényles (PCB) s’inscrit parmi les actions prioritaires du Plan National de Mise en œuvre- PNM au regard des délais fixés par la convention pour se débarrasser de ces produits dangereux. Le Programme National de Gestion et d’Elimination Sécurisée des PCB (Programme PCB) vise la mise en place d’un cadre réglementaire de gestion des PCB, le renforcement des capacités nationales en matière de gestion écologiquement rationnelle des PCB et l’élimination sécurisée des appareils à PCB pur et ceux qui en sont contaminés et inventoriés au niveau national.

Phase I du programme PCB :

La première phase lancée en 2010 et achevée en juin 2017 a abouti aux principales réalisation suivantes :

  • L’institutionnalisation de la Commission Nationale POP/PCB, chargée d’assurer la mise en œuvre des dispositions de la Convention de Stockholm sur les POPs en général et les PCBs en particulier.
  • La réalisation d’un inventaire et d’une campagne d’analyse de 6000 transformateurs susceptibles d’être contaminés par les PCBs qui a permis l’identification de 3567 tonnes d’équipements contaminés ;
  • L’édification à Bouskoura de la première plate-forme sur le continent africain de traitement et de réhabilitation des appareils électriques contaminés par les PCB.
  • Le traitement et l’élimination de 1530 tonnes d’équipements contaminés, soit plus de 30% de la quantité inventoriée contaminée au niveau national.

Phase II du programme PCB :

La deuxième phase « rendre durable la gestion et l’élimination des PCB » lancée en mars 2018 pour une durée de 3 ans et dont les résultats attendus sont :

  • Le renforcement et l’adoption d’un cadre réglementaire régissant la gestion écologiquement rationnelle des PCBs ;
  • La réalisation d’une campagne d’analyse de 20000 transformateurs susceptibles d’être contaminés par les PCBs ;
  • La décontamination au sein de la plate- forme de Bouskoura d’environ 1740 transformateurs et 540 tonnes d’huiles contaminés ;
  • L’élimination par exportation vers des centres spécialisés à l’étranger d’environ 600 tonnes d’équipements contenant des PCBs purs.

Déchets électriques et électroniques : Une stratégie pour structurer le secteur

Lamiae Boumahrou, le 25 Octobre 2014 (https://fnh.ma/article/developpement-durable/dechets-elec)

L’industrie marocaine génère annuellement 260.000 tonnes de déchets dangereux, dont 30.000 tonnes de déchets des équipements électriques et électroniques (DEEE). Les filières de recyclage au Maroc sont certes développées, mais elles évoluent dans l’informel et selon la loi de l’offre et de la demande. Depuis sa création, le projet pilote «Green Chips» a permis de former 150 jeunes, de collecter près de 100.000 articles informatiques, de trier et recycler via Managem 500 tonnes de déchets issus du démantèlement et de réparer 1.500 ordinateurs offerts par la suite aux écoles.

Avec environ 1,5 million de tonnes de déchets industriels par an dont 260.000 tonnes de déchets dangereux, le Maroc fait face à une problématique complexe. En effet, la gestion de ces déchets constitue un défi majeur d’autant plus que le contexte actuel est marqué par une pression accrue sur les ressources en énergie et en matières premières.

Parmi ces déchets dangereux, on trouve les déchets des équipements électriques et électroniques (DEEE) qui, selon certaines études, se chiffrent à 30.000 tonnes par an et dont l’impact sur l’environnement et la santé publique reste très nocif. Cependant, ces déchets recèlent d’un réel potentiel économique sachant qu’ils contiennent une diversité de matériaux notamment des métaux. A titre d’exemple, une tonne de déchets de téléphones portables peut générer 13 kg de cuivre, 0,15 kg d’argent et 0,02 kg d’or. 

L’enjeu aujourd’hui est de mettre en place une stratégie nationale de gestion de ces déchets. Et c’est autour de cette thématique que l’association Al Jisr, en partenariat avec la CGEM, a organisé récemment un atelier de réflexion auquel ont participé tous les maillons de la chaîne à savoir : producteurs, distributeurs, utilisateurs, recycleurs, institutionnels et organismes internationaux. 

L’objectif de ce workshop étant d’amorcer une réflexion collective sur le rôle de la filière marocaine, sa viabilité et ses missions mais aussi de formuler des recommandations afin de définir une stratégie durable et efficace.

Rappelons que le ministère de l’Environnement a mis en place plusieurs filières de recyclage et de valorisation des déchets, entre autres celles des pneus, des batteries usagées, de la valorisation des déchets par les cimentiers…

A noter aussi qu’au Maroc, les unités de recyclage sont certes développées mais elles évoluent dans l’informel et selon la loi de l’offre et de la demande.

Prémices d’une stratégie nationale

Après un aperçu sur le cadre juridique national relatif à la gestion et à l’élimination des DEEE et une présentation des mécanismes de viabilité d’une filière DEEE au Maroc, exposés par les consultants de Sofies (entreprise de conseil en durabilité), les participants ont pris part à des ateliers de travail sur la gestion de la filière et sur le financement des opérations de recyclage. Plusieurs recommandations ont été formulées notamment la création d’un organisme indépendant qui sera responsable de la gestion des déchets électriques et électroniques, l’élaboration d’un arrêté spécifique à la gestion des DEEE pour compléter la loi 28.00 portant sur les déchets dangereux et le renforcement de la communication/sensibilisation autour de cette problématique et de ses enjeux environnementaux, économiques et sociaux….

Ces recommandations vont permettre de poser les premiers jalons d’une stratégie nationale de gestion des déchets des équipements électriques et électroniques au Maroc.

«Green Chips», un projet pilote

Cet atelier de réflexion a été également l’occasion de présenter «Green Chips» un projet pilote lancé en 2010 par l’Association Al Jisr. Réalisé en partenariat avec le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle, l’Académie régionale de l’éducation et de la formation (AREF) du Grand Casablanca, la Fondation suisse Drosos et Managem, ce projet combine la collecte de vieux ordinateurs et téléphones portables et la formation de jeunes en maintenance des ordinateurs et démantèlement des déchets électroniques. 

Dans son intervention, Mohamed Lahlou, président de l’Association, a tenu tout d’abord à préciser les raisons de l’implication de l’association dans ce projet de recyclage alors que sa vocation principale est la sensibilisation et la mobilisation des entreprises privées en faveur des écoles publiques au Maroc.

«Pour combler le déficit numérique dans les écoles, l’association a commencé par la création d’un atelier pour collecter et restaurer les ordinateurs obsolètes récupérés chez les entreprises afin de leur donner une nouvelle vie et de les redistribuer. Au bout d’un certain temps, nous étions submergés par les déchets électriques et électroniques et c’est de là qu’est née l’idée du «Green Chips»», explique-t-il.

Cette formation par apprentissage (CFA) destinée à améliorer l’insertion de jeunes déscolarisés et défavorisés dans les régions du grand Casablanca et d’Oujda a permis depuis sa mise en place de former 150 jeunes, de collecter près de 100.000 articles informatiques, de trier et recycler via Managem 500 tonnes de déchets issus du démantèlement et de réparer 1.500 ordinateurs offerts par la suite aux écoles publiques et associations au Maroc. Pour le président d’Al Jisr, l’enjeu de ce projet est de taille notamment sur le plan de la sensibilisation des pouvoirs publics, du secteur privé et des organismes internationaux à la problématique de la gestion des déchets informatiques au Maroc. 

Il est donc nécessaire d’inscrire ce projet dans un système organisé qui assure sa viabilité financière sur le long terme mais aussi de pouvoir généraliser une telle initiative à l’échelle nationale.

L’association Al Jisr, en quelques mots

Créée en 1999, l’association contribue depuis treize ans à la sensibilisation et à la mobilisation des entreprises privées en faveur des écoles publiques au Maroc. Depuis 2006, Al Jisr a intégré les TIC comme axe transversal de son action. Pour en savoir plus sur le travail de cette association et son projet Green Chips, consultez le site www.aljisr.ma.

Le Maroc

Est un pays du nord-ouest de l’Afrique. Sa longue côte donnant sur l’océan Atlantique se termine au-delà du détroit de Gibraltar sur la mer Méditerranée. Au sud du Maroc se trouve le territoire Mauritanien, d’une superficie de 710 850 km². La capitale administrative est Rabat. Le climat marocain est à la fois méditerranéen et atlantique, avec une saison sèche et chaude doublée d’une saison froide et humide, la fin de la période chaude étant marquée par les pluies d’octobre.

Au Maroc, à l’instar des pays en voie de développement, l’évolution du contexte socio-économique a permis d’améliorer le niveau ainsi que les conditions de vie de différentes franges de population. Cette évolution a favorisé l’émergence de nouveaux modes de production mais aussi la consommation des populations essentiellement urbaines, fort génératrices de déchets et s’est traduite par des modifications notables au niveau des caractéristiques et des volumes de déchets solides produits.
Un coût de dégradation de l’environnement a été évalué, et qui a enregistré près de 33 milliards de DH (coût de dégradation de l’environnement) soit 3,52 % du PIB[1], situation qui est alarmant, et les déchets en contribuent. D’ailleurs, une bonne partie de ces déchets demeure toutefois valorisable, ce qui réduirait à la fois le volume des déchets à éliminer et le coût de gestion associés ce qui aura comme impact la diminution du coût de dégradation de l’environnement, et assurer une transition vers une économie circulaire.


SNRVD, 2019

[1] Source : Etude menée en 2015 et 2016 par la Secrétariat d’Etat chargé de développement durable en coopération avec la Banque mondiale


Le Maroc produit plus de 10.000 T/déchets électroniques par an

Abdellah Najim 29 mai 2019 (http://energiemines.ma)

Si jamais une autre civilisation observe la nôtre à distance, la caractéristique la plus frappante serait probablement notre capacité à détruire l’environnement dans un continent en plastique, pollution d’air, changement climatique, déforestation et extinction massive de toutes les espèces. La liste est triste car tout autour de notre planète peut sembler anecdotique.
Les déchets électroniques, appelés également « e-déchets » sont une source de pollution dangereuse pour l’environnement, ses conséquences réelles pour la santé humaine sont encore mal comprises. Une étude internationale, menée par l’université de Cincinnati, étudie les effets des mélanges complexes de métaux trouvés dans les e-déchets sur l’homme. Il est urgent de connaître ces effets afin d’éviter des risques contournant des populations exposées aux décharges qui contaminent l’air, le sol et surtout la nappe phréatique.
Les appareils électroniques qui embellissent la vie des pays développés et leur procure belle vie atterrissent malheureusement dans des pays en développement. Qui, une fois brulés ou incinérés, libèrent des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) cancérogènes. Ce qui se transforme pour les riverains, habitant à proximité des usines de traitement, en cancer de poumons. Cette pollution liée aux déchets électroniques ne concerne pas uniquement les émissions de HAP. La récupération de matériau peut également être effectuée sur des tubes à rayons cathodiques, qui sont riches en plomb, constituant un facteur d’empoisonnement au plomb.
Les « e-déchets » sont complexes et résultent de mélanges de nombreuses substances chimiques connues pour leur effet nocif comme le plomb, le mercure, le cadmium ou encore le chrome. Il est estimé que 20 à 50 millions de tonnes de ce type d’agents potentiellement toxiques, issus d’ordinateurs, de téléphones cellulaires, de téléviseurs, de claviers, d’imprimantes et d’autres appareils électroniques, trouvent refuge dans les pays en développement, surtout en Afrique où le recyclage se fait de méthodes archaïques, mettant femmes enceintes et enfants devant des dangers  neurotoxique.
L’Union européenne est citée en exemple, avec son désir de faire porter la responsabilité aux fabricants d’appareils qui, à l’adresse  par ces derniers de mafias spécialisés en déchèterie,  infestent les pays d’Afrique.
Au Maroc, très peu de gens posent tristement la question. Alors que la toxicité, établie de longue date, de ces déchets d’équipements électriques et électroniques dépasse de loin celle de tout autre déchet détruisant l’environnement. Différents matériaux toxiques doivent théoriquement être traités conformément à la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination, entrée en vigueur en 1992. Texte auquel le Maroc a adhéré en 1995, et qui vise à limiter le transfert des déchets dangereux, y compris les déchets électroniques en provenance des pays riches.

La dernière étude sur le Maroc remonte à l’an 2000, elle porte sur un million de tonnes de déchets industriels produits chaque année, dont 70 000 tonnes sont de type mécanique, métallurgique, électrique et électronique, ou de déchets industriels.

Le développement du secteur du traitement des DEEE profiterait non seulement à la qualité de l’environnement mais également à l’activité économique. La création d’emplois qualifiés, voire sous-qualifiés serait une aubaine pour le Maroc. Et encore, seule une poignée d’opérateurs spécialisés dans le domaine de la collecte, du démantèlement, du recyclage et du traitement des DEEE opère au Maroc.
Les derniers chiffres de STEP (Initiative pour résoudre le problème mondial des déchets électroniques) sont alarmants. En effet, en 2017, ces déchets atteindraient 65,4 millions de tonnes dans le monde, soit un tiers de plus qu’en 2012. La même source indique que le Maroc produit près de 10 000 tonnes de déchets électroniques chaque année, soit 3,7 kg par habitant, avec une augmentation annuelle de environ 5 à 10% en raison de la demande accrue d’équipements électroniques.